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Carnet de voyage : Symon Welfringer dans le désert de Gobi

Trois semaines, 1663 kilomètres, 8015 mètres de dénivelé positif. Deux vélos chargés comme des mules, et une obsession : relier Pékin à Oulan-Bator, à la force des mollets.
Entre les steppes infinies et les pistes chaotiques du désert de Gobi, c’est une traversée sans compromis, où la poussière colle aux rayons et où chaque jour apporte son lot de galères, de beauté brute et de silence.

Bienvenue dans The Dusty Traverse, le récit d’une odyssée à vélo aux confins de l’Asie.
Symon Welfringer nous partage ici les temps forts de cette aventure unique, entre crevaisons en série, bivouacs sauvages, vent de face et émerveillements quotidiens.

Jour 2 — Өргөн сум, Mongolie du Sud | 107 km

« À peine la frontière franchie, le ton est donné.30 km hors bitume et déjà les premiers signes de tension : porte-bagages qui grincent, crevaisons, terrain sablonneux. Il nous faudra composer avec ce type de surface pendant plus de deux semaines. Le décor est magnifique, mais chaque mètre se mérite. Les vélos accusent le poids (30 à 35 kg), et nous, celui de la fatigue. Le voyage commence vraiment ici.

Jour 4 — Мандах, désert de Gobi | 76 km

Aujourd’hui, le Gobi nous fait un clin d’œil. Les pistes sont roulantes, presque clémentes, et on s’autorise à lever la tête. Le paysage défile, les plaines s’ouvrent à l’infini, et même si les relances sont musclées, on profite. La magie du Gobi, c’est aussi cette capacité à te faire oublier la douleur pour quelques heures.

Jour 6 — Entre sable et crocs | Attention chien méchant

Le décor est grandiose : chameaux en liberté, collines ondulées, vent joueur. Mais au détour d’une ferme isolée, un chien surgit, toutes dents dehors.

On stoppe net, vélos comme boucliers. Il semble se calmer… puis bondit et croque l’aile de Pégase, pile entre deux rayons. Grosse frayeur, mais pas de casse.
Leçon du jour : les chiens de piste ne plaisantent pas.

Jour 8 — Цогтцэций | 90 km

C’est une descente. Enfin, ça devrait l’être. Mais avec un vent d’Ouest entre 30 et 50 km/h, le compteur indique 7 km/h. L’absurde version cycliste.
Dans ce no man’s land balayé par les bourrasques, même descendre devient un effort surhumain. Le vent est l’ennemi invisible, tenace, moqueur. On pédale sur place, la tête rentrée dans le guidon. C’est ça aussi, le Gobi : un adversaire digne.

Jour 12 — Мандал-Овоо, Ömnögovi | 136 km

Le vent dort, la piste est lisse, le ciel immense. Aujourd’hui, tout roule.
Les kilomètres défilent sans douleur. Les vélos glissent, les sacoches ne grincent plus. On traverse une Mongolie brute, paisible, magnifique.
Un jour comme ça, dans ce genre de voyage, c’est un cadeau.

Jour 14 — Сайхан-Овоо | 21 km et… 106 rustines

Depuis trois jours, c’est l’enfer. Une espèce d’épines traîtresses a envahi les pistes. Résultat : crevaisons à répétition. On gonfle tous les 5 km, on répare à la chaîne, jusqu’à utiliser du matos de moto pour renforcer pneus et chambres.
Nos chambres à air ressemblent à des peaux de bébé en varicelle, et chaque village devient une étape de survie. À ce stade, l’objectif n’est plus d’avancer vite : juste d’avancer.

Jour 18 — Хужирт | 118 km

Peut-être le plus beau jour du voyage. Les pistes serpentent entre steppes de montagne et monastères bouddhistes. Les lumières du soir transforment tout en or. Le silence est religieux, l’effort devient secondaire.
On roule les yeux grands ouverts, saturés de beauté. Le genre de moment qui reste, longtemps, même après le retour.

Jour 21 — Ула́н-Ба́тор | 104 km, l’arrivée

La capitale se profile, les immeubles tranchent avec les yourtes. À 15h, on s’arrête sur la place centrale, au pied de la statue monumentale de Chingis Khaan.
C’est ici que tout s’arrête, exactement trois semaines après notre départ de Pékin.
On ressent de la fierté, un peu de flottement… et l’envie secrète de repartir déjà. Les pneus ont retrouvé le confort du goudron, mais nos esprits vagabondent encore quelque part, entre deux dunes, une crevaison et un troupeau de chameaux.


Un immense merci au désert de Gobi pour nous avoir laissé passer. Et aux jambes, aux rustines et à l’esprit pour avoir tenu bon. »

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