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Tour du Mont-Blanc en gravel : une aventure à travers les cols et paysages magnifiques

Après avoir parcouru maintes fois le Tour du Mont Blanc dans les deux sens, avec les principales variantes telles que le col de l’enclave et la fenêtre d’Arpette, que ce soit en randonnée ou en trail, et connaissant particulièrement bien l’itinéraire et l’état des sentiers, il me paraissait évident, depuis que j’ai commencé le Gravel, de me créer une trace adaptée à cette activité pour refaire une nouvelle fois le tour du massif. Une trace au plus près du tracé classique du TMB, mais tenant compte des spécificités du Gravel : chemins et sentiers roulants, pas trop cassants ni trop techniques, mélangés avec des petites routes et cols routiers offrant une fluidité de l’itinéraire à parcourir en trois jours maximum.

C’est dans cette optique que je me suis lancé dans ce Tour du Mont Blanc Gravel, début octobre, avec une idée globale de mon itinéraire, laissant place à mon intuition du moment et à l’état du terrain rencontré. Une boucle d’environ 210 km avec plus de 7800 m de dénivelé positif, comprenant quatre grands cols (col du Joly en ascension goudronnée, mais la descente en gravel, puis les cols 100 % gravel : col de Voza, Grand col Ferret, Col de la Seigne). J’ai également opté pour quelques cols asphaltés pour garder une moyenne raisonnable : col des Montets, col de la Forclaz, montée de Champex-lac, et pour finir, la dernière partie du col de Roselend depuis le Charpieux. Les portions gravel et routes étant ainsi bien équilibrées. Il est possible d’inclure plus de portions gravel, mais mon souhait était de faire cette boucle en trois jours maximum.

C’est à Beaufort, au cœur du Beaufortain, que sera mon point de départ et d’arrivée.

Première journée : Beaufort – Vallorcine (71 km, 2850 D+)

J’ai choisi un départ routier en milieu de journée avec l’ascension du col du Joly, qui culmine à 1989 m, une mise en jambe de 23 km sur une superbe route au milieu des alpages pour prendre 1244 m de dénivelé positif, un vrai régal avec une météo parfaite, tempête de ciel bleu sans vent. Le belvédère depuis le sommet est grandiose, on y découvre toute la face ouest du Mont Blanc avec l’intégralité de la voie normale, mais aussi l’aiguille de Bionnassay, les dômes de Miage, la Bérangère qui me rappellent quelques belles évasions alpines vers les hauts. C’est ici que commence la première section Gravel avec une descente d’une dizaine de kilomètres rapide vers le Val Montjoie, en utilisant un système de pistes un peu cahoteuses mais pas trop techniques qui se négocie fort bien et qui me dépose au parking du télécabine de la gorge. J’en profite pour poursuivre jusqu’à Notre-Dame de la Gorge où je fais une petite halte ravito. Même si le site est très touristique, il en vaut le détour.

Je rejoins Les Contamines-Montjoie par la D908, au centre, je remonte à droite vers le parking de la Frasse pour emprunter une petite route toute en montagnes russes en milieu forestier, traversée de plusieurs hameaux typiques, Le Chosal, La Gruvaz, petite redescente vers La Villette, Le Champel où je récupère le GR5 classique du TMB où commence la seconde montée sévère de la journée vers le col de Voza (1657 m). Une piste tout le long très raide avec quelques rampes extrêmes à plus de 26 %, une montée impitoyable où j’ai passé la plupart du temps à monter et à descendre du gravel. Mais quelle récompense au sommet avec une vue imprenable sur l’aiguille et le glacier de Bionnassay et la vallée de Chamonix, j’ai déjà 45 km au compteur et plus de 2500 m D+ depuis le départ. J’en profite pour me restaurer et me refaire une cerise au Bar du village de vacances APAS avant de poursuivre par une descente technique de 5 km jusqu’aux Houches sur les pistes avec quelques sections raides où il faut rester vigilant et concentré.

Les 15 km qui suivent jusqu’à Argentière ne sont pas les plus amusants et les plus sauvages du tour. J’ai tracé mon itinéraire au plus près de l’Arve jusqu’à l’entrée de Chamonix aux célèbres Gaillans, puis poursuivi par le Plan, Les Praz et Le Lavancher. M’échappant au plus vite de la zone la plus urbaine de ce tour, je poursuis par les 7 km routiers du col des Montets avant de glisser vers Vallorcine au terme de ma première étape en section Gravel sur le tracé du TMB. 71 km au compteur, 2857 m positif. Christine, ma compagne, m’y attend avec le camping-car, c’est l’option que j’ai choisie pour mes étapes, moins coûteuse et plus flexible que de prendre un gîte ou un hôtel.

Seconde journée : Vallorcine – Courmayeur (79 km, 2950 D+)

Départ à la fraîche au lever du jour, alternance de chemins et de retour sur la D1506 marquent l’arrivée à Châtelard Finhaut pour pénétrer en Suisse et attaquer la montée du col de la Forclaz en laissant le village de Trient encore enveloppé dans la brume. Ces 10 premiers kilomètres mettent bien en jambe avec 300 D+. Au sommet, petite halte pour prendre un café au tarif suisse, aïe… aïe… aïe… Puis, j’enchaîne par trois kilomètres de descente avant de bifurquer à droite en direction de La Fontaine et Les Rappes sur une petite route sinueuse pour redescendre jusqu’au Brocard, rejoindre la vallée de la Dranse et poursuivre jusqu’au Valette pour bifurquer à droite pour 13 km d’une belle montée sur route jusqu’à Champex-le-Lac, à 1467 m, qui marque la fin de la partie routière de la journée. Petite halte récup après ces 30 premiers kilomètres qui ont bien chauffé les mollets. Changement de décor pour la suite, j’abandonne l’asphalte pour poursuivre sur des chemins forestiers et sentiers, avec une première partie en descente très raide avec des rampes atteignant jusqu’à 30%, du vrai gravel montagne qui nécessite de bons réflexes de pilotage. Je rejoins rapidement Les Issert, où je retrouve le tracé classique du TMB que je suis jusqu’au beau village typique de Praz de Fort, avec son architecture traditionnelle du Val Ferret suisse. J’emprunte une petite section routière magnifique au milieu des prairies parsemées de magnifiques chalets jusqu’à Branche d’en Haut pour éviter la partie technique de la crête de Saleinaz sur le sentier du TMB, avant de reprendre celui-ci après Branche le Haut et le suivre jusqu’à La Fouly, dans un environnement sauvage avec quelques passages techniques mais qui se négocient bien. Le Haut Val Ferret est unique, il offre des vues magnifiques sur les versants nord avec les glaciers de l’A Neuve et du Dolent. Petite restauration à La Fouly et poursuite jusqu’à Ferret, 2 km par la route pour une approche douce de la grosse difficulté de la journée : l’ascension du col Ferret. Peu après Ferret, on quitte le bitume pour une piste roulante qui se redresse rapidement après les derniers chalets des Arcs Dessous.

Nous sommes sur le tracé du TMB, les pourcentages s’accentuent mais la piste n’est pas technique, elle est parfaite pour le gravel jusqu’à rejoindre les alpages de la Peule, à 2072 m. Le paysage est magnifique. Changement à nouveau de terrain, abandon de la piste juste après le gîte de la Peule pour emprunter un sentier pour les derniers kilomètres jusqu’au col, mélange de parties en balcon où l’on peut rouler et de parties plus raides mais assez courtes où il faut descendre et pousser, nous sommes vraiment là dans du gravel haute montagne. L’arrivée au col, point culminant de ce tour à 2536 m, est somptueuse avec une vue exceptionnelle sur le glacier de Pré de Barre et le Mont Dolent. En ce milieu d’après-midi, le temps est beau, juste une petite brise. Je profite de cet instant privilégié, seul face à ces sommets. Devant moi, le Val Ferret italien avec sur sa droite les contreforts des Grandes Jorasses et le col des Hirondelles que je devine au-dessus du glacier de Frébouze, ce qui me propulse quelques années en arrière. À 17h, je décroche. Les 2 km jusqu’au refuge Elena sont très raides et nécessitent un pilotage sérieux et appliqué. Ensuite, il n’y a plus qu’à se laisser glisser sur une piste puis une petite route pendant 14 km jusqu’à Courmayeur, en profitant de l’environnement unique du Val Ferret italien. En toile de fond déjà ce qui m’attend pour la suite, le Val Veny bordé sur sa droite par l’Intégrale de Peuterey. Mais pour l’heure, ce sera une étape à Courmayeur et récupération où Christine m’attend avec le camping-car après ces 80 km et 2950 D+, magnifiques mais exigeants.

3ème Journée: Courmayeur – Beaufort (62 km, 2050 D+)

Départ au lever du jour de Courmayeur après une bonne nuit de récupération sans oublier pâtes et pizza la veille. Cette dernière étape devrait être un peu plus courte que les deux précédentes, mais avec plus de 2000 m de dénivelé positif, le col du La Seigne à 2516 m est le gros morceau gravel, suivi de la dernière partie du Cormet de Roselend et le col des Prés.

C’est parti dans la brume matinale pour rejoindre rapidement Entréves et attaquer la montée vers le sauvage Val Veny. Dès les premiers virages, la pente se redresse fortement, atteignant 11-12%, jusqu’à l’esplanade de Notre Dame. Je sens les efforts des deux jours précédents dans les mollets, mais j’ai de bonnes sensations. Après Plan Ponquier, avec une superbe vue sur le front du glacier de la Brenva, je profite du kilomètre de descente vers Plan Veny pour bien me mettre dans le rythme. On pénètre ici dans le somptueux Val Veny, le versant grandiose et sauvage italien du Mont Blanc se découvrant avec les contreforts de la Noire de Peuterey, notre sentinelle pendant cette première partie. Une petite route agréable en faux plat montant nous mène jusqu’à Visaille, puis ça se redresse franchement après avoir franchi la Doire. Les derniers mètres de bitume avant de rejoindre la piste présentent un gros pourcentage. Ainsi commence la partie gravel la plus importante de la journée, environ 18 km avant de retrouver le goudron à la Ville des Glaciers, côté français, après avoir franchi le col de la Seigne.

Pour l’heure, c’est une montée régulière en balcon au-dessus de l’impétueuse Doire, débouchant au Lac Combal, déjà 800 D+ en 11 km. Le paysage est grandiose. Dans les reflets du Lac Combal, son aiguille se dessine, derrière le profil de l’intégrale de Peuterey, le glacier du Miage juste à droite avec les aiguilles rouges du brouillard, un autre beau souvenir. C’est tout simplement somptueux de cheminer en gravel dans ce décor. Je profite des deux kilomètres qui me séparent du verrou sous le refuge sur une portion plate mais très caillouteuse. Puis, gros coup de rein dans les 4 lacets sous Elisabetta. Le kilomètre qui suit est facile et roulant sur une portion assez souple, puis ça se redresse progressivement en balcon, et ça se dégrade franchement. Je descends et pousse dans le dernier kilomètre sous le col où la pente subitement tape dans les 28-30% sous l’ancienne casernette des douanes. Juste sous le sommet, la pente s’infléchit, permettant d’arriver au grand cairn sommital à 2516 m sur le vélo. C’est un plaisir et une grande satisfaction d’être ici, les grosses difficultés de ce tour sont finies. Je profite longuement de cet instant en me restaurant face à l’aiguille des glaciers et du Mont Blanc, avant de rebasculer en France par une longue descente un peu technique au départ, puis très agréable et rapide jusqu’à la Ville des Glaciers, où je retrouve le goudron. Après Les Chapieux, je bifurque à droite pour franchir les 6 derniers kilomètres routiers du Cormet de Roselend. Puis, c’est la descente vers le lac et le col de Meraillet. Je me sens bien en jambe et décide, pour finir la boucle, de m’offrir encore le petit col des Prés avant de redescendre vers Arêches et rejoindre Beaufort au terme de ce superbe tour Gravel du Mont Blanc : Au compteur, 212 kilomètres, 7850 D+.

Il existe une multitude de possibilités pour se tracer un itinéraire qui correspond à vos attentes en incluant davantage d’options tout-terrain, mais mon choix était de faire ce tour de la façon la plus fluide possible et de le boucler en un long week-end, pas plus de 2 jours et demi. Ce tracé est un mélange des genres, l’éloignement et les cols en gravel loin de la foule offrent une ambiance haute montagne, tandis que les portions routières moins sauvages m’ont permis de garder une vitesse moyenne satisfaisante et de jouer à saute-col entre trois pays. Une véritable invitation à d’autres escapades gravel en haute montagne, vers d’autres massifs. Avec de nombreuses alternatives possibles pour répondre aux attentes de chaque cycliste, le Tour de Mont Blanc est un excellent choix pour se faire plaisir en gravel montagne.

Aventure réalisé par Serge Jaulin, client emblématique d’Au Vieux Campeur.

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