Prêts à suivre les traces fascinantes de Catherine Destivelle, une alpiniste légendaire et une éditrice hors pair ? Dans cette aventure, nous allons explorer les hauteurs vertigineuses de sa vie et les récits captivants qu’elle partage avec le monde. De ses premières escalades à Fontainebleau à la fondation des Éditions du Mont-Blanc, Catherine a gravé son nom dans l’histoire de l’alpinisme. Son interview offre un aperçu de sa philosophie, de sa relation avec la montagne, et de l’héritage qu’elle souhaite transmettre aux générations futures.
Biographie : Catherine Destivelle, une vie d’élévation !
Née à Oran en 1960, Catherine Destivelle passe toute son enfance à Paris. C’est à 12 ans qu’elle découvre l’escalade dans la forêt de Fontainebleau et c’est pendant ses vacances d’été qu’elle grimpe ses premières falaises. La jeune fille se passionne alors pour la verticalité et montre de vraies prédispositions pour ce sport.
À 15 ans, elle réussit déjà certains des blocs les plus complexes de Fontainebleau puis à 17 ans, durant ses week-ends de lycéenne, elle multiplie les plus grandes ascensions dans les Alpes. L’année de ses 20 ans, elle devient kiné et délaisse la montagne et l’escalade au profit des études, mais rapidement ses amis la poussent à revenir sur le caillou.
Lorsque cinq ans plus tard se tient la première compétition d’escalade internationale à Bardonecchia en Italie, Catherine termine sur la plus haute marche du podium. C’est ainsi qu’elle devient la première championne du monde d’escalade (à cette époque, il n’y avait qu’une seule compétition internationale par an).
Pendant cinq ans, elle participe à de nombreuses compétitions et en gagne la plupart ! De 1985 à 1988, elle est considérée comme la meilleure grimpeuse du Monde : Catherine Destivelle devient alors une grimpeuse médiatique et signe de nombreux contrats avec des sponsors.
En 1990, elle arrête la compétition pour se concentrer sur la haute montagne et plus précisément l’alpinisme avec une série d’ascensions et d’exploits. Son palmarès ? L’ascension en hiver et en solitaire des 3 faces les plus mythiques des Alpes, l’Eiger, les Grandes Jorasses, le Cervin, qui font d’elle la plus brillante alpiniste de l’histoire.
En 1996, avec son compagnon Erik Decamp, elle s’attelle au Peak 4111 (4 160 m) en Antarctique. Au sommet, Catherine, distraite, vacille, et chute de 20 mètres. Résultat : une fracture ouverte du tibia-péroné. La descente est un calvaire, mais au terme de 16 heures de souffrance, et de trois jours d’attente supplémentaire dans le froid du camp de base, l’alpiniste finit par être secourue. Ce sera la dernière grande expédition de la Française qui, après son mariage avec Erik Decamp, donne naissance à un petit Victor en 1997.
Catherine Destivelle commence à réduire les projets en solitaire vers la fin des années 90 et entame une carrière active en tant qu’écrivain et conférencière. Oratrice accomplie, ses présentations sont inspirantes. En partageant ses visions et ses exploits, elle invite son public à repenser ses objectifs pour parvenir au succès désiré. Elle fait l’objet de plusieurs documentaires, dont celui produit par le réalisateur français Rémy Tezier ‘Au-delà des cimes’, qui reçoit le prix du meilleur long-métrage au Festival du film de montagne de Banff en 2009. L’activité de Catherine désormais, c’est de transmettre à travers l’écrit et l’image.
En 2013, elle ouvre les Éditions du Mont-Blanc. Aujourd’hui, sa maison d’édition compte plus de 70 ouvrages : récits, beaux livres, manuels techniques, polars, jeunesse… En 2020, Catherine Destivelle se verra décerner un Piolet d’Or pour sa carrière. Deuxième alpiniste de nationalité française et plus jeune personne à recevoir ce prix de prestige, elle est surtout la première femme à se voir récompensée pour l’ensemble de sa carrière. Encore aujourd’hui, Catherine Destivelle reste un phare dans l’alpinisme français.
Interview avec Catherine Destivelle : l’écho des sommets !
1.Au sommet de la passion : Sport & montagne.
Qu’aimez-vous tant dans les sports de montagne ? Quels sont les aspects de l’alpinisme et de l’escalade qui vous passionnent le plus ?
J’aime le côté ludique et la nature. J’apprécie jouer avec la structure des montagnes, tout autant que de partager des émotions avec mes amis dans ces moments. Après, j’aime aussi grimper en salle lorsque j’en ai l’occasion : c’est une approche vraiment complémentaire !
Pouvez-vous partager un souvenir marquant de l’une de vos expéditions en montagne ?
Chaque projet, chaque étape, à sa manière, représente des souvenirs. À 10 ans, j’ai découvert les hauteurs en grimpant l’Index avec mon père et un ami. Un moment qui a tout déclenché. En tant que parisienne, je pense aussi à Fontainebleau qui a marqué mes premiers pas dans le milieu. L’escalade permet d’oublier le quotidien, on se retrouve en état de méditation, on est absorbé par ce que l’on fait. On retrouve un état d’enfant, concentré sur une seule chose. Escalader, c’est garder cette part d’enfance qui refuse de se taire.
Comment gérez-vous la peur et le stress lors de vos ascensions en solitaire ?
Pour gérer la peur et le stress, je commence par de petites hauteurs pour l’apprivoiser. Puis, je m’assure toujours d’avoir un peu de marge de manœuvre en matière de niveau, histoire de ne pas trop penser au fait que je n’ai pas de corde. L’essentiel, c’est de relativiser : pourquoi j’ai peur ? C’est vraiment dangereux, ou j’ai juste peur ? Je me raisonne et me focalise sur l’instant. Je me concentre sur mes prises, j’élimine les pensées anxieuses et je me recentre sur ma progression.
Avez-vous confiance dans le matériel ?
Parfois, je redescends pour doubler le point, mais avec l’expérience, on finit par avoir confiance. Je viens d’une époque où il ne fallait pas tomber 3 fois sur la même corde alors maintenant, c’est plus confort. Pas de baudrier non plus à l’époque, seulement une sangle : il ne fallait pas tomber et j’ai gardé cette habitude. Maintenant, ça reste important de s’assurer que toute la chaîne de matos tient bon.
En tant que femme dans un monde/sport souvent dominé par les hommes, quelles ont été vos plus grandes réussites et défis ?
Ça ne m’a jamais compliqué la vie. J’ai toujours évolué au sein d’un groupe de garçons, et pour nous, il n’y avait rien de genré dans la pratique de l’escalade. Je n’ai ressenti aucune différence, j’ai eu la chance de toujours être soutenue à fond. Je pense que ça tient beaucoup à l’éducation que j’ai reçue et au cercle social dans lequel je me suis trouvée. Côté réussites, je me suis aussi hissée au niveau des garçons, en réalisant des performances comme celle d’être la première personne – homme ou femme – à enchaîner l’Eiger en solo à vue.
Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de votre carrière d’alpiniste ?
Quand j’ai reçu le piolet d’or, ça m’a vraiment touchée, je pensais que d’autres le méritaient peut-être plus que moi. Ça a marqué l’histoire et j’ai été aussi récompensé parce que je m’investissais dans la promotion de l’alpinisme à travers les éditions.
En quoi pensez-vous que les sports de montagne peuvent être un bienfait pour la jeunesse ?
C’est important pour eux de comprendre d’où cela vient, de connaître l’histoire, de réaliser qu’il n’y a pas que les espaces intérieurs comme la salle. Les sports de montagne enseignent la résilience, la patience et un rapport sain à la nature.
2. Entre mots et montagnes : l’aventure littéraire de Catherine Destivelle.
Tout d’abord, félicitations pour les 10 ans de votre maison d’édition. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à créer votre propre maison d’édition après une carrière si réussie dans l’escalade et l’alpinisme ? Et en quoi consiste-t-elle ?
Ce qui m’a poussé initialement c’est le hasard, celui des rencontres, notamment avec la librairie des Alpes. J’aime les livres, j’aime l’histoire, j’ai remarqué que je connaissais assez bien l’histoire de l’escalade et de l’alpinisme. Ce qui rend mes livres un peu différents, c’est que je me concentre davantage sur l’histoire. J’aime apporter une certaine connaissance autour de la discipline, et je publie également des auteurs qui ont marqué l’histoire de l’alpinisme, souvent des personnes plus expérimentées.
L’objectif est de permettre aux lecteurs de voir l’évolution de l’escalade au fil du temps, que ce soit au niveau du matériel, des projets ou des performances. Aucune comparaison n’est à faire, chaque période offre une aventure unique, avec ses propres connaissances scientifiques. Cela permet de replacer les exploits du passé dans leur contexte, en comprenant les conditions et les défis de l’époque. Aujourd’hui, il est fascinant de voir que des athlètes peuvent vivre de leur passion, une réalité bien différente de celle de l’époque à laquelle beaucoup de ces récits appartiennent.
Vous êtes désormais à la tête d’une maison d’édition. Comment partagez-vous aujourd’hui votre temps entre ce travail et la montagne ?
Cette année, je ne suis pas allée beaucoup en montagne, en raison de quelques opérations mécaniques, mais je suis toujours fidèle à mes séances d’escalade, trois ou quatre fois par semaine. Lors des dix dernières années, j’ai mis l’essentiel de mon énergie dans la maison d’édition, ce qui m’a parfois éloignée de la grimpe. L’édition demande du temps, entre la vérification des phrases, la mise en page et les négociations avec les éditeurs. C’est un investissement intense, mais c’est très agréable d’accoucher d’un objet.
Dans la littérature, de quoi êtes-vous le plus fière ?
La littérature pour enfants. À mon avis, il y avait un manque à combler dans ce domaine. J’espère que les livres puissent inspirer les jeunes et les pousser à aller dehors. Je suis aussi fière des beaux livres qui retracent des histoires captivantes, qu’il s’agisse de Fontainebleau, de 9ème Degré, Montagne à la une, 200 ans de la montagne et de la presse, de ROC, ou des Piolets d’Or.
Quelles sont les valeurs et la philosophie qui sous-tendent votre maison d’édition ? Comment celles-ci se reflètent-elles dans les livres que vous publiez ? Quel(s) ouvrage(s) des éditions du Mont Blanc vous a le plus marqué ?
En dehors de la jeunesse avec des livres qui vont au-delà des histoires basiques, pour les inspirer à explorer le monde, et les beaux livres, je dirais qu’il y a les récits. Je veux des histoires qui inspirent, qu’elles soient liées à l’histoire en général ou qu’elles mettent en avant des moments historiques précis. Si on prend la biographie de Whymper, par exemple, on apprend sur comment ils ont découvert la montagne et l’alpinisme.
Et puis, je veux toucher à tout. Pour mes prochains projets je prévois une plongée dans l’histoire de Christine De Colombelle, et un ouvrage de Bernadette Mac Donald sur l’histoire des Sherpa. C’est ça, je veux explorer tous les angles, toutes les histoires qui rendent la montagne aussi riche et diverse que possible.
“Il était une fois l’escalade” quels sont les enjeux de cette BD ? A qui est-elle destinée ?
Alors, Il était une fois l’escalade, c’est un peu la façon plus ludique de raconter toute l’histoire de l’escalade. On vise le grand public, avec une approche plus détendue pour captiver tout le monde : de la préhistoire où nos ancêtres grimpaient pour sauver leur peau à des arbres ou des falaises, à l’invention de l’escalade en Angleterre, puis à son développement à travers l’Italie et la France, on raconte cette saga des grimpeurs en passant aussi par les USA avec les grandes parois du Yosemite jusqu’aux premiers Jeux Olympiques.
Comment s’est faite la connexion avec Laurent Bidot et David Chambre ?
La connexion avec Laurent Bidot et David Chambre s’est faite après avoir été contacté par la maison d’édition des Arènes. David s’est chargé de l’écriture de la BD, tandis que Laurent a pris en charge l’illustration. On a beaucoup échangé pendant 1 ou 2 ans, pour peaufiner la BD. C’était un travail d’équipe avec 5 ou 6 personnes qui ont mis leur savoir-faire dans ce projet.
On a inclus un QR code sur la couverture, qui renvoie directement sur YouTube pour voir les protagonistes de la BD en action, en train de grimper. Et, pour la couverture, on a opté pour un effet granuleux qui donne un côté texturé, un peu comme si tu touchais vraiment la roche.
Travailler sur un roman graphique est une aventure que vous reproduisez ?
Ça demande plus de boulot qu’un roman classique, mais j’y ai vraiment appris beaucoup. C’est un travail d’équipe où chacun apporte ses compétences spécifiques. On était complémentaires, chacun avec son savoir-faire, et c’est ce qui a rendu le projet si riche. Une aventure en soi !
Comment voyez-vous l’avenir de votre maison d’édition pour les prochaines années ? Y a-t-il de nouveaux projets passionnants que vous pouvez nous révéler ?
Dans les années à venir, on va continuer à progresser avec un regard tourné vers l’avenir. Un nouveau site web qui va donner une nouvelle vie aux récits et une communication qui va s’adapter pour rester dans l’air du temps. Et, même si on met les bouchées doubles vers l’avenir, on n’oublie pas d’explorer le passé. On déniche des pépites littéraires, des histoires qui ont traversé les époques, pour les partager avec le grand public aujourd’hui.
3.Le Vieux & Catherine Destivelle : Une histoire de montagne commune !
Et, le Vieux dans tout ça ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Parisienne, j’ai toujours été fidèle au Vieux pour mes chaussons et mon matos. C’est là que tout a commencé. Puis, j’ai fait la connaissance de Jacky (Ndlr : Jacques-Yves de Rorthays, président-directeur général du Vieux Campeur), qui m’a toujours épaulée dans mes expéditions.
Le Vieux fait partie intégrante de mon univers, du monde de la montagne et de l’escalade. C’est l’incontournable. C’est une histoire de cœur. Jacky a toujours été loyal, fidèle, comme moi. J’ai été sollicitée par d’autres, mais je n’ai jamais pensé à regarder ailleurs. C’était une parole, pas besoin de contrat.
Vivre de ma passion a été possible grâce au Vieux Campeur, comme Paris Match d’ailleurs. Deux partenaires essentiels dans mon parcours. Alors, c’était logique pour moi de célébrer les 10 ans chez Au Vieux Campeur ce 2 décembre.
Et puis on ne va pas “un peu” au Vieux Campeur, on y va toute une après-midi. C’est comme aller dans un musée ou un magasin de bonbons, un plaisir pur et simple. C’est ça, Au Vieux Campeur pour moi !
Quelle a été par la suite votre histoire avec l’entreprise ?
Un peu comme un rendez-vous régulier avec un vieil ami. On se retrouve, Jacky et moi, au 48 rue des écoles et je mange avec lui à la Roma (pizzeria préférée et ami de la famille De Rorthays) . Encore samedi, je mangeais une omelette au fromage avec lui.
Le Vieux, c’est aussi le seul endroit où j’accepte de donner des signatures. Au Vieux Campeur avant tout !
Le mot de la fin ?
J’espère qu’on fera une belle fête le 2 décembre !
Gardienne d’un partenariat solide avec le “Vieux” et forte de projets innovants, Catherine continue aujourd’hui encore de marquer l’histoire de l’alpinisme de son empreinte. Des cimes rocheuses aux sommets éditoriaux, elle incarne l’esprit de la montagne. Entre souvenirs d’enfance et exploits solitaires, chaque page de sa vie est un récit d’audace. Au Vieux Campeur, témoin et acteur, partenaire fidèle de cette épopée verticale est fier de son parcours unique et de son engagement fidèle.
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